
La bande dessinée, à la conquête de nouveaux supports
Des solutions pour que les auteurs vivent du dessin ?
Grâce à l’effervescence des bandes dessinées, des médias et institutions ont vu la BD comme un moyen de se réinventer et créer des tendances en lien avec l’art graphique. Enquête sur ces supports qui peuvent, pour certains auteurs, être des solutions pour vivre du dessin.
La BD de presse, une tendance qui réapparaît
Non réduits à un seul support, les auteurs peuvent s’appuyer sur diverses institutions et technologies pour montrer leurs talents artistiques. La presse, par exemple, réutilise largement la bande dessinée pour raconter l’actualité. L’occasion pour les auteurs d’assurer un équilibre financier grâce à des commandes en lien direct avec leur passion pour le dessin.
Bande dessinée et presse ont toujours été liée au cours de l’histoire. Nous nous souvenons des fameux Journal de Mickey, Journal de Spirou, Journal de Tintin et Pilote qui ont fait les beaux jours des années 1970. L’engouement s’est pourtant estompé, pour finalement réapparaître il y a quelques années avec des extraits debandes dessinées dans les journaux nationaux (Le Monde, Le Figaro, etc) et la création de magazines (La Revue dessinée, Revue XXI, Topo, Les rues de Lyon) qui mettent en valeur la “BD du réel”. Ces magazines illustrent l’actualité par des dessins et bandes dessinées, comme a pu le faire, par exemple, Joe Sacco dans Gaza 1956, ou Guy Delisle dans S’enfuir, récit d’un otage.
Séverine Bourdieu, enseignante de littérature, explique dans sa thèse les raisons pour lesquelles les médias se réapproprient le récit graphique : “Produit d’appel pour attirer de nouveaux lecteurs et inciter de nouvelles lectures, le reportage en bande dessinée est un atout pour les rédactions car il répond aux attentes des lecteurs d’aujourd’hui, déçus par la fausse impartialité de certains médias, [...] essoufflés par la course à l’information en temps réel”. De leur côté, les auteurs voient la presse comme un moyen de s’exprimer artistiquement et d’avoir une plus grande stabilité financière.
David Servenay, co-fondateur de la La Revue dessinée, l’un des principaux médias exclusivement illustrés en France, nous explique comment sont rémunérés leurs auteurs qui, en plus d’avoir des contrats relativement stables chez eux, ont des droits de publications libres.
Néanmoins, malgré la récente tendance des “BD de presse”, il est souvent difficile, pour les auteurs intéressés, de trouver un emploi régulier pour des médias. Thierry Groensteen insiste sur le fait que les “médias cherchent des artistes qui ont non seulement un style qui leur est propre, mais également une manière de dessiner qui corresponde à leur ligne éditoriale”.